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Les pays des Brics + sont « en quête de puissance » sur le marché des grains

« Les Brics ont aujourd’hui les armes en main pour renverser la tendance de la course du commerce international », estime Olivier Antoine, directeur du cabinet Oraé géopolitique.

Pour le blé, le maïs ou encore le soja, les pays des Brics + (Brésil, Russie, Inde, Chine…) partagent l’ambition de « renverser la tendance » face aux pays occidentaux, estime Olivier Antoine, directeur du cabinet Oraé géopolitique.

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Sur les marchés des grains, dix pays bousculent les règles du jeu. Il s’agit du groupe des Brics + qui regroupe le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite et l’Éthiopie. Ces pays « ont pris la domination sur les marchés d’un point de vue du poids de la production et des exportations », souligne Olivier Antoine, directeur du cabinet Oraé géopolitique. Il s’est exprimé sur le sujet lors du congrès du maïs qui s’est tenu à Pau les 21 et 22 novembre 2024.

De grands pays exportateurs de grains comme le Brésil et la Russie font partie des Brics.

D’importantes réserves foncières

« Ces pays, qui sont en quête de puissance, sont les plus grosses puissances exportatrices », appuie-t-il. Actuellement, ils produisent 43 % du maïs mondial, 49 % du blé, 54 % du riz et 58 % du soja. Leur positionnement s’est considérablement renforcé ces dernières années.

Olivier Antoine cite des chiffres : en l’espace de 30 ans, entre 1990 et 2020, la production de grains stratégiques progressait de 49 % (814 millions de tonnes) dans les pays de l’OCDE (1) pendant qu’elle bondissait de 123 % (1,4 milliard de tonnes) dans les Brics. En maïs, « c’est encore plus flagrant » : +78 % pour l’OCDE, contre +221 % pour les Brics (+451 % pour le Mercosur).

Évolution de la production de blé, maïs et soja dans les pays des Brics et de l'OCDE.

Et les Brics ne comptent pas s’arrêter là. Russie et Amérique latine sont d’importantes réserves foncières. Selon Olivier Antoine, ces pays disposent par ailleurs d’un bon savoir-faire pour monter en gamme et en puissance, et d’un soutien politique. « Ce qui dicte le tempo dans les politiques commerciales au Brésil, c’est l’agrobusiness, illustre-t-il. Les Brics ont aujourd’hui les armes en main pour renverser la tendance de la course du commerce international. »

Renverser le système en place

« Les Brics +, qui de prime abord peuvent être perçus comme un groupe hétéroclite, ont un intérêt partagé, observe Olivier Antoine. Leur but est clair : renverser l’hégémonie normative occidentale. » Et au premier rang de ce renversement se trouve l’agriculture. Pour preuve, « la première déclaration commune des Brics + depuis leur existence a porté sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, en septembre 2023 ».

Finalement, « on parle de puissances internationales qui décident d’un commun accord de renverser le système qui est actuellement en place », juge-t-il. Un fait l’illustre bien : l’annonce par Vladimir Poutine de l’ouverture d’une bourse des céréales.

(1) L’OCDE regroupe plus de trente pays, dont ceux de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord.

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